Dans certaines régions en Afrique des hommes se nourrissent au sein de leur épouse
Une pratique souvent cachée qui prétend soigner des maladies.
Rumeur ou pratiques cachées ? Le très sérieux journal britannique The Guardian rapporte une pratique "qui n’est pas rare" dans certaines régions d’Ouganda, de Tanzanie ou du Kenya. Des hommes se nourrissent au sein de leur épouse.
Une jeune femme de vingt ans, maman d’un bébé de six mois, témoigne dans le journal : "Il me dit qu’il aime le goût. Et que c’est bon pour sa santé. Il se sent bien après."
On savait très peu de chose sur cette pratique jusqu’à ce que la ministre de la Santé de l'Ouganda, Sarah Opendi, brise le silence devant le Parlement en 2018. Elle alertait contre une pratique en plein développement, qui mettrait en péril l’allaitement des enfants. Leur père deviendrait en effet un concurrent.
Une étude scientifique est en cours. Une mission exploratoire de l’aveu même des chercheurs. "Nous ne savions même pas si c’était vrai ou pas", reconnaît Rowena Merrit, l’une de ces chercheurs, membre de l'université du Kent, au Royaume-Uni.
"Pratique répandue"
L’étude s’est concentrée sur un district rural de Buikwe en Ouganda. Les scientifiques ont rencontré quatre hommes qui reconnaissent boire au sein. Mais si la pratique semble courante, expliquent les chercheurs, elle est socialement rejetée. Autant dire que personne ne se vante de têter. Une pratique que confirme cependant un professeur lors d’une réunion publique sur l’allaitement. "C’est sérieux, c’est une pratique très répandue."
Selon une spécialiste de santé publique de la région, Joséphine Zziwa, "les hommes de Buikwe sont en compétition avec leurs bébés pour le lait maternel. Cela compromet le régime des nouveau-nés et leur croissance." Il se raconte que le lait maternel permettrait de se remettre d’une gueule de bois, mais aussi de soigner l’impuissance, voire le cancer. Cette pratique existerait également en Tanzanie, dans la région d’Iringa.
Promouvoir l'allaitement
Tous ces pays s’inquiètent pour le développement des nouveau-nés, et font campagne pour promouvoir l’allaitement. "C’est la meilleure façon de démarrer dans la vie. Non seulement cela nourrit l’enfant, mais ça le protège des maladies", explique Sarah Opendi, la ministre ougandaise de la Santé. Elle condamne les pratiques de certains hommes, qui non seulement se fondent sur un mythe, mais également privent l’enfant de nourriture à un moment critique de sa vie.
Mais la menace pour l’enfant a en fait d’autres origines. L’allaitement est surtout abandonné par les mères. Elles sont 50% dans la région de Buikwe à ne pas vouloir donner le sein. Nombreuses travaillent et les raisons sont parfois plus triviales. Elles craignent pour l’esthétique de leur poitrine.
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